• Kaikoura

    Quand on vient de passer plusieurs semaines à arpenter pistes et routes à la force de ses jambes avec une météo pas toujours clémente, il est important de finir son chemin dans un lieu qui donne un sens à tous ces efforts. Comme dans une musique, la dernière note, celle qui termine le morceau, est essentielle pour apprécier toute la chanson et en avoir un souvenir agréable...

    J'ai donc choisi Kaikoura comme point d’arrivée.

    C'est une place où règne une harmonie assez inhabituelle. Des qu'on s’éloigne de la ville, en direction du nord, les montagnes, au relief imposant, plongent dans l’océan. Comme si elles avaient décidé de se débarrasser des quelques névés recouvrant leur sommet ici et là...On a la sensation qu'elles sont allongées dans l'eau et qu'elles attendent de l’océan des vagues immenses qui les libéreraient de ce manteau blanc devenu inutile durant la période estivale...

    A ce paysage surprenant s'ajoute, le long de la côte rocheuse, la présence de phoques a fourrure. Je les avais déjà vus en octobre, allongés sur des roches aussi inconfortables que des tapis de clous, se prélassant au soleil après de longues heures passé dans l'eau à pécher...Mais à ce moment là, les bébés n’étaient pas encore présents...

    Je suis arrivé durant la saison où materner est le maître mot chez les phocidés.

    J'ai assisté à un spectacle très émouvant.

    De nombreux bébés phoques s'amusaient dans des petites mares avec toute l'insouciance propre à l'enfance, sous le regard de quelques adultes restés sur la côte afin de les surveiller pendant que les autres étaient partis en mer pécher afin de nourrir leur progéniture.

    J'ai senti une véritable structure de groupe dans ce qui semblerait être, au premier abord, déstructuré.

    La position des trous d'eau dans lesquels s'amusaient les petits permettait à l'eau d’être renouvelée mais sans que le retrait de celle-ci n’entraîne les bébés dans l’océan. Le choix était judicieux car les adultes pouvaient se placer en hauteur afin de mieux surveiller d’éventuels débordement ou tentative de fuite.

    Il existait même un endroit en forêt, au pied d'une cascade, où les mères emmenaient leurs petits quand ils étaient très jeunes pour qu'ils soient a l'abri de tout dangers...Une  pouponnière en quelque sorte !

    Les cris de certaines femelles avaient un effet immédiat sur l'attitude et le comportement des bébés qui réagissaient tout de suite. C’était passionnant d’assister à cette interaction sonore et gestuelle au sein d'une même colonie. Et si on tendait suffisamment l'oreille et qu'on faisait travailler son imagination, on pouvait même entendre les mots qui se cachaient derrière les cris !

    Ça m'a fait penser à l’espèce humaine. Et si nous ne communiquions plus que par grognements, cris et gestes, le monde se porterait-il plus ou moins bien ?

    Difficile à dire...Mais l’expérience pourrait être intéressante et très amusante !

    C'est sur cette belle note que j'ai terminé ce premier voyage à vélo. Mais, à la manière d'un concert, j'ai fait un rappel...Comme si cette nature qui m'a enchanté durant des semaines me réclamait une dernière "balade"...

    J'ai donc prolongé ma route par un sentier côtier, au milieu d'une végétation verdoyante et avec une vue imprenable sur l’océan Pacifique...En retardant au maximum le moment de l’arrivée !

    J'en ai profité pour réfléchir à ce qui caractérisait le mieux le voyage à vélo...Je dirais "l'inattendu' et "la tranquillité".

    L'inattendu a, dans sa façon d'agir, quelque chose de magique dans la mesure où vous ne provoquez pas les événements ou les rencontres...Ce sont eux qui viennent à vous, naturellement...Et pour le meilleur jusqu’à présent !

    Ces rencontres fortuites étaient intenses à chaque fois. Vous parlez comme si vous vous connaissiez depuis des années et après une soirée, deux jours ou quelques kilomètres à rouler ensemble, chacun reprenait sa route, son chemin...A vélo, à pied ou en stop !

    Ces rencontres étaient le reflet de la simplicité. Les échanges étaient dénués de toutes attentes, d’arrières pensées et du passé de la vie de chacun.

    Il n y avait ni avant, ni après, juste un maintenant qui faisait ressortir le plus beau de ce qu'il y a à l’intérieur ! C'est ce qui rendait ces amitiés éphémères si intéressantes.

    La tranquillité, car cette aventure à vélo m'a permis de vraiment décrocher. Pour la première fois de ma vie, j'ai goûté à la sensation de "prendre vraiment son temps" en perdant complètement la notion du temps.

    Il n' y avait plus d'heures, plus de jours, ni de semaines, juste un soleil qui se levait et qui se couchait et un estomac qui réclamait son dû après de longues heures passées à pédaler...

    Je n'avais rien à penser, à faire...Personne ne m'attendait...Le corps travaillait à faire avancer le vélo et l'esprit était libre, "disponible" complètement, à ce qu'il voyait, découvrait et ressentait.

    Je dirais même qu'il y avait une sorte de "symbiose" entre le vélo et le cycliste. Chacun tirant un bénéfice de l'autre pour un meilleur fonctionnement...L'homme permet à la machine d'accomplir sa fonction principale : rouler ! Tandis que la machine permet à l'homme de se libérer des habitudes passées et d'alléger son bagage intérieur afin de goûter un nouveau mode de vie...Progressivement...Au fil des kilomètres parcourut ensemble !

    Ainsi a pris fin ce voyage en Nouvelle Zélande, riche en émotions et découvertes...Je pars  sans regrets en gardant un merveilleux souvenir de ce pays...

    Voilà deux petites vidéos de ces phoques à fourrure :


    GEDC0576 par unpasapreslautre

     


    Qu'il est bon d'etre jeune et insouciant (-: ! par unpasapreslautre

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