• L'île de Terre de Feu



    Je ne pouvais pas partir de la Patagonie sans aller faire une balade en "Terre de Feu".

    Ce nom, donné par Magellan en 1520 pour désigner cette grande île où vient mourir la Cordillère des Andes, met au travail un imaginaire qui devient plus que fertile...

    Qu'allais-je trouver dans ces lieux ?

    Des terres brûlées traversées par des méandres de lave bouillonnante, sortie de volcans dégageant d’épaisses fumées noires qui obscurcissent le ciel sans espoir de voir le soleil...Qui pourrait vivre dans cet endroit à l'air brûlant et nauséabond, si ce n'est d’innommables créatures aux corps difformes et rongés par les vapeurs acides...

    Dans le passé, nombreuses sont les histoires, plus incroyables les unes que les autres, qui ont été racontées sur cette île au nom évocateur !

    La réalité est, hélas, moins fantastique.

    Lorsque Magellan traversa ce fameux détroit, qui portera son nom plus tard, il vit, au loin, de nombreux feux allumés par les indigènes vivant sur cette terre...De "Terre de Fumée", le nom se transforma en "Terre de Feu" !

    Même si les lieux ne sont pas ceux imaginés par le folklore occidental, il n'en reste pas moins sublimes.

    Les routes de terre traversent des zones désertiques sur des centaines de kilomètres pendant lesquelles on a l'impression d’être "au milieu de rien", comme abandonné quelque part sur la Terre !

    On pense alors à ces natifs de la Patagonie. On les imagine évoluer dans ce paysage avec une connaissance parfaite de cet environnement qu'ils ont su apprivoiser afin d'en tirer le meilleur profit, sans le dégrader...En harmonie avec lui...Ils étaient loin de se douter du terrible sort qui les attendait...

    Ces peuples du bout du monde inspirent des sentiments d'un autre temps qu' on ne pourra  jamais vraiment ressentir...Vivre en pensant être seul, sans aucune notion, concept de la Terre, de son étendue et de ses richesses. Seulement vivre de ce que la nature nous offre sans désirer plus...Difficile de le concevoir à notre époque !

    Le moment le plus intense dans cette "Terre de Feu" restera la rencontre avec les manchots royaux.

    Après avoir roulé des heures sur ces chemins de terre cabossés, bosselés, la côte baignée des eaux de l'Atlantique a réapparu au loin.

    Lorsque le minibus s'est arrêté, j'avais du mal à réaliser que d'ici quelques minutes j'allais marcher a la rencontre de ces animaux.

    J’étais en plein rêve...Très peu de personnes, une nature sauvage à perte de vue, l’océan en arrière plan, agité par un vent glacial et au loin, tels des rescapés sur une île déserte après le naufrage de leur navire, au milieu des herbes, une petite troupe remuante, habillée de noir et de blanc, vivant leur quotidien dans cet habitat plus qu'enchanteur !

    Je me suis assis à une dizaine de mètres d'eux et j'ai profité de ce cadeau plus qu'inattendu que m'offrait cette nature si surprenante depuis le début du voyage !

    Le calme et la douceur sont les premières impressions qui émanent de ce groupe quelque peu isolé de leur habituelle colonie, composée de centaines voir de milliers d individus et située plutôt sur des îles en plein océan...

    L'attitude, les déplacements, les gestes, les soins prodigués aux petits, la sieste, tout se fait dans une grande quiétude  qui contraste fortement avec  ce milieu de vie assez rude et mouvementé !

    L'instinct maternel est très développé chez les manchots et la survie du petit ne souffre d'aucun doute, d'aucune hésitation ! A tour de rôle, ces parents dévoués se relaient sans cesse pour aller pêcher dans cet océan inhospitalier, plusieurs jours d'affilée si c'est nécessaire, afin de nourrir leur progéniture !

    Cette cohésion, ces forts liens sociaux entre les individus d'une même colonie, sont également un élément indispensable à leur protection. Quand ils partent en mer, c'est tous ensemble, formant ainsi un rempart plus efficace contre les prédateurs à l'affut d un  repas facile...

    Je reste toujours aussi émerveillé par les prouesses dont sont capables ces animaux à l'allure bancale une fois sur la terre ferme !

    Ils peuvent nager des journées entières dans une eau glaciale, soumise aux vents les plus violents de la Terre, et plonger à des profondeurs inenvisageables pour n'importe quel être humain, même équipé de la meilleure technologie, toujours animés par une volonté inébranlable...

    J'ai eu du mal à partir...Plusieurs fois je suis revenu sur mes pas afin de les regarder encore quelques minutes...

    Mais sans me dire que c’était la dernière fois...

    Voila une petite vidéo de ces manchots royaux.


    Reve ou realite ??? por unpasapreslautre

     

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