• Manali

    Après le train, deux avions, dix heures de vol, quinze heures de taxi, treize mille prières (indispensables vu la conduite des indiens) et un éboulement rocheux évité,  je suis arrivé a Manali, au Nord de New Delhi. En ce qui concerne cette dernière, capitale de l'Inde, je ne voulais plus y penser car ça a été un choc terrible.

    Manali, le dernier village de montagne avant de pénétrer l'immensité de la chaîne himalayenne, était plus calme, moins chaud mais tout aussi pollué que l'ensemble des villes traversées jusqu'à présent.

    De l'hôtel, au loin, se dessinaient les montagnes dont les sommets frôlent une altitude plus qu'invraisemblable, 5000, 6000 voire 7000 mètres. Mais il me restait encore quelques heures de trajet, pour faire à peine cent kilomètres, afin de commencer l'acclimatation à l'altitude et démarrer le trek qui devait me faire traverser cette région du Sud au Nord, en empruntant la vallée du Zanskar.

    La météo, catastrophique, en raison de la mousson qui battait son plein, m'a obligé a rester à Manali plus longtemps que prévu. J'en ai donc profité pour visiter les lieux.

    Ce village, au fil des jours, me semblait assez loin de l'image traditionnelle de l'Inde spirituelle.

    Il y a plusieurs couches sociales qui cohabitent, chacune avec des objectifs différents :

    - les touristes sont là pour le dépaysement et un coût de la vie très attractif.

    - les commerçants sont là pour le business. En quelques heures vous devenez l'ami de tout ceux qui ont quelque chose à vendre.

    - les indiens de caste supérieure viennent ici en vacances pour échapper a la mousson et aux chaleurs étouffantes de New Delhi. Ils sont facilement reconnaissables à leur tenue vestimentaire.

    Ils ne sont pas les amis des commerçants.

    Les amis ont la peau blanche...

    - les indiens de la rue évoluent tant bien que mal au milieu de tout ça et vivent dans une misère absolue.

    - les locaux, c'est à dire les hommes et les femmes qui vivent de manière traditionnelle.

    Eux ne prêtent pratiquement aucune attention aux touristes et peu aux autres indiens « occidentalisés ». Ils essayent de vivre en maintenant leurs coutumes mais ils sont rattrapés par le béton qui envahit peu a peu leurs habitations et la vallée. Je ne sais pas s'ils voient d un bon œil l'afflux touristique qui submerge l'Inde. Ils ne vendent rien aux touristes et continuent de travailler, de se nourrir comme leurs aïeux.

    Ce sont les femmes qui travaillent. Elles font paître les vaches pour le lait, ramassent les fruits, coupent l'herbe pour la saison froide afin de faire du foin. Elles préparent le souper...

    Je n'ai pas vu beaucoup d'hommes prêter la main aux taches quotidiennes.

    L'attitude qui aurait fait hurler de colère les féministes les plus endurcies, c'est la façon dont les femmes saluent les hommes du village : elles s'agenouillent et d'un geste de la main embrassent leurs chaussures.

    Globalement j'étais assez content de quitter ce village et cette partie du pays. J'ai ressenti peu d'authenticité dans les échanges et dans le mode de vie.

    Et puis cette misère et pollution ambiante qui cohabitent avec ce business omniprésent ne m'a pas donné pas envie de rire aux éclats ou d être vraiment à l'aise dans mes baskets.

    Le Ladakh, malgré son attachement à l Inde, a des origines qui se rapprochent plus du Tibet. On appelle cette région, le petit Tibet. J'ai entendu dire que les moines, avant d'entreprendre la construction d un édifice, creusaient le sol afin d'enlever toute forme de vie qui risquait de mourir à cause de leur travaux. Je me sens plus proche de cette philosophie de vie.

    Excepté la capitale de cette région, Leh, où le business s'est également implanté, les échos que j'ai pus entendre, avant le départ, disaient que cette partie de l'Inde était beaucoup plus authentique et impressionnante de par sa localisation géographique en plein cœur de l’Himalaya.

    Le départ était prévu pour le lendemain avec un vrai bus et un vrai chauffeur...Si les problèmes d'effondrement des routes n'étaient plus d'actualité... J'ai préféré laisser tomber le taxi, trop dangereux...

     

     

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