• Le Zanskar

    Avant que je parte, nombreuses sont les personnes qui m'ont dit : "Mets toi en plein la vue ! Profite à fond de ce que tu vas voir et découvrir !"Et bien après plus d un mois passé en Inde, je dois avouer que je m'en suis mis plein la vue...Mais pas dans le bon sens du terme...

    Le seul vrai moment où j'ai été paisible, c'est lorsque j'ai passé le col du Shingo La à 5000m et les quelques jours qui ont suivi. Là, il y avait une sorte de sérénité ambiante. J'ai croisé des villageois qui vivaient encore de manière traditionnelle au milieu des montagnes. Ils tissaient leurs habits avec les poils de yak, construisaient leurs maison avec des briques d'argile faites main, une par une, et ils passaient la plupart de leurs journées aux champs afin de faire des réserves de nourriture pour les longs hivers. Il y avait enfin un peu d''authenticité malgré les conditions de vie difficiles, l'isolement extrême et la froideur du paysage. Mais cette tranquillité prendra fin d'ici quelques années car une route traversera l'ensemble des vallées du Sud au Nord. Elle sera la nouvelle voie commerciale et touristique qui reliera Manali a Leh toute l'année. Cette ouverture entraînera, comme dans tous les villages que j'ai pus traverser avant, une augmentation de la misère et de la pollution...

    Depuis que j'ai posé le pied sur le sol indien, j'ai essayé de faire comme si je n'étais qu'un observateur, en gardant un certain recul par rapport à ce que je voyais mais en vain. Je n'ai vu que des choses tristes qui blessent et tourmentent le cœur et l'esprit.

    Il n' y a aucune structure dans ce pays. C'est l'anarchie. Chacun essaye de survivre comme il peut. Des hommes aux femmes, aux enfants, aux animaux et à la nature, la misère et la déchéance sont partout. Les humains vivent tels des des déchets dans la rue, la pollution est innommable tant elle submerge le paysage et les cours d"eau. Les chiens sont des rats bannis et dans un état de délabrement avancé, pattes cassés, plaies sanguinolentes, coups et jets de pierre.

    Que ce soit en ville ou dans les villages de montagnes et même en montagne parfois, la pauvreté et la pollution sont omniprésentes. Tout perd de sa beauté à mes yeux, même les montagnes majestueuses.

    Je ne peux pas rester insensible à tout ce que je vois et faire comme si tout était chouette...Cool je suis en vacances, profitons-en !!! Ce n'est pas des vacances, ni l'aventure, c'est la réalité tragique de l'état de notre planète pris de plein fouet. Il n y a pas, plus de respect, d'équilibre entre l'homme et son environnement, d'où cette décadence. 

    Je suis donc touriste au milieu de tout ça et je ne peux rien faire...Je ne sais pas trop ce que je fais là en définitif ! 

    Je ne peux pas relativiser...Je suis fatigué par toutes ces images que je n'arrive pas à ôter de mon esprit.  Je pense que je vais réorganiser ce voyage...Je ne sais pas encore comment, où, mais là, au jour d'aujourd'hui, j'ai besoin de quitter rapidement ce pays et de remettre mes idées en ordre. 

     



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