Le glacier Perito Moreno

Après onze heures de vol depuis Auckland je suis arrivé au Chili sous une chaleur étouffante. C'était l'été.

Santiago est une ville immense avec un air très pollué. Le smog est si dense qu'on a du mal à distinguer les sommets entourant la ville...Il ne fait pas bon y rester longtemps.

Ainsi, deux jours après mon arrivée, je partais déjà en Patagonie pour trois semaines.

Un vieux rêve était entrain de se réaliser. J'avais du mal à le croire si bien que j'ai souvent regardé ma carte afin de me dire :

- Alors mon petit, ça y est, tu es bientôt au bout du monde !! 

Après avoir atterri à Punta Arenas, je me suis mis en route vers la Patagonie chilienne et Puerto Natales, le point de départ que j'avais choisi pour découvrir la partie sud de la Cordillère des Andes.

Préparer de la randonnée dans cette région, si on veut être autonome, demande un peu d'organisation. Celle-ci s'articulant principalement autour de la météo. Ici c'est ce qui est le plus imprévisible. Cela peut devenir très vite dangereux vu l'isolement de la région. En quelques heures on peut passer du soleil à une véritable tempête avec des vents très violents et parfois accompagnée de neige, même en plein été...

Être bien équipé, sans être surchargé, et avoir une tente solide sont deux éléments indispensables. Au dire des randonneurs, nombreux sont ceux qui ont vu leur tente détruite par le vent pendant la nuit...

Ici l'homme n'est pas le maître des lieux...

Je me suis donc retrouvé à établir un drôle de parcours en zigzag afin de pouvoir randonner sur des créneaux météo pas trop défavorables. Trop souvent ces dernières semaines, j'ai espéré du beau temps et au final je me suis retrouvé confronter au vent et à la pluie !

Alors, cette fois, Je suis resté modeste dans mes prières !

J'ai commencé par El Calafate afin d'aller voir le glacier Perito Moreno, classé au patrimoine mondial de l'Unesco.

Une fois arrivé dans la ville, j'ai croisé tellement de publicités sur ce glacier qu'avant même d aller le voir, je l'avais déjà vu sous tous les angles.

La machine touristique fonctionne comme un rouleau compresseur...Même au bout du monde !

Dans les villes, vous êtes littéralement assaillis par des milliers d annonces ! Pratiquement on vous propose de découvrir la Patagonie en un jour...Et d aller marcher sur la lune en deux !!

Mais où est la découverte des ces espaces sauvages dans tout ça ?

Prendre son temps pour profiter de la magie des lieux existe-t-il encore ?

Je n'aimais vraiment pas cette propagande qui vous fait consommer l'environnement tel un  menu dans un bon restaurant. C’était pareil en Nouvelle Zélande...

Je suis allé voir ce glacier en bus. En chemin, cent fois j'ai eu envie de dire au chauffeur :

- Heee !! Hooo ! Arrête-toi là !! C'est trop beau !!

- Tu vas trop viteeee !! Ralentiiii !

- Heee il y a un petit chemin sur la droite qui va je ne sais où !!! Faut aller voir !

Je commençais à être frustré... Tout allait trop vite...Jusqu’à ce qu'on arrive au glacier...

A ce moment là tout a pris un autre sens dans ma tête !

Même de loin il était impressionnant.

Arrivé sur place, il y avait beaucoup de monde, mais cela m'importait peu... J'étais face à la plus belle réalisation naturelle que j'ai vue dans ma vie !

Une langue glacière de trente kilomètres de long, haute d'une soixantaine de mètres sur son front et si proche que j'avais envie de la toucher pour savoir si c’était vrai ou une simple illusion, un mirage crée par mon esprit...

Les mouvements du glacier provoquaient des effondrements dont le bruit résonne encore dans mes oreilles. Ce n’était pas de simples craquements que j'ai entendus mais de véritables détonations qui retentissaient dans toute la vallée !!

C'est également un des rares glaciers au monde qui continuent de grandir tous les quatre ans !

C'est un message que nous adressent les montagnes, en nous tirant une langue, longue de trente kilomètres :

- Coucou les humains, ce glacier là vous ne le détruirez pas !! 

Le ton était donné ! J'étais au pays des géants !

La découverte de la Patagonie allait enfin pouvoir commencer !